Journal filmé 124

Du 30 janvier au 16 février 2018

Mis en ligne le 12 mai 2019

47 plans

Musique : Tristan Lohengrin A Peaceful Sanctuary / départ de la maison, en voiture / route vers Nantes / passage de la chaussée de Bouaye / arrivée à Nantes par les quais / grilles du parking / une femme et un enfant en vélos / affiche : plan du quartier de l’école des beaux-arts / façade de l’école / l’ombre du filmeur / cadre dans la palissade / chantier interdit au public / entrée de l’école / Gilles Bruni, Guillaume Ertaud, Grégory Valton, conférence des P.U.I. / passage de la Loire, un cycliste en ombre chinoise / vers le soleil / arrivée à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu / arrivée du bus dans le rétroviseur / Bérénice rentre de Nantes / Bérénice se cache derrière ses cheveux / collage de Bérénice sur la vitre, série de mots croisées découpés dans Télérama / bouton du volet roulant / volet qui se lève / Point de vue, le matin / main du filmeur qui allume la cafetière / café qui passe / sucre, bol et café / Point de vue / nuage d’étourneaux / tableau de Bérénice dans le Point de vue / extrait de Chercheur d’épave, vidéo-écriture d’Anh Mat / tableau dans le Point du vue, ombre du filmeur / ciel

0 min 15 s

Comme une impression de déjà vu

De déjà fait, déjà filmé

Combien de fois le même plan

Mais pas la même lumière

Ni le même ciel

0 min 22 s

La même route pour aller vers Nantes

En contournant le lac par l’ouest

0 min 29 s

La chaussée de Bouaye

Pour franchir les marais

Parcourue des centaines de fois

De jour comme de nuit

Combien de fois filmée aussi

Été comme hiver

Avec les cadavres des rats morts

Qui pourrissent sur les bas-côtés

0 min 43 s

Arrivée à Nantes

En longeant la Loire pour rejoindre l’ile

Saluer les anciennes machines

0 min 49 s

Longer les parkings

0 min 51 s

S’arrêter de marcher

Pour saisir un instant volé

0 min 57 s

Filmer les pancartes

Pour se souvenir

Où nous étions ce soir là

0 min 57 s

Puis rejoindre l’école des beaux-arts

Pour y retrouver quelques amis

1 min 05 s

Se souvenir du sol

1 min 07 s

Et de ce trou dans la palissade

1 min 09 s

De son ombre

Et du reflet de la lumière

1 min 13 s

De la nuit à peine venue

Qui tombe sur la ville

1 min 18 s

De l’ombre du filmeur

Qui glisse sur les lumières

1 min 23 s

Saisir l’imprévu

L’ouverture d’une perspective provisoire

1 min 27 s

L’avenir à venir est encore interdit

1 min 32 s

Et dans quelques instants

Franchir cette porte

Mais sans être filmé

1 min 38 s

Filmer une autre porte avant de la franchir

1 min 45 s

La pancarte à l’entrée qui annonce la rencontre

1 min 48 s

Et n’avoir garder de cette soirée

Autour de Gilles Bruni

Que ces instants d’attentes silencieux

Pendant que le public s’installe

Qu’on regarde ailleurs

Qu’on se frotte les mains

Qu’on indique une place à un retardataire

Qu’on tourne la tête

Qu’on croise les bras

Qu’on se demande si ça va pouvoir commencer bientôt

2 min 09 s

Puis au retour, traverser la Loire

Finalement, il ne fait pas encore nuit

Était-ce le même soir ?

2 min 18 s

Avec toujours le soleil en face

Qui efface la route

Revenir sur ses pas

Une nouvelle fois

2 min 28 s

Prendre la sortie à l’entrée de ville

Pour rejoindre l’arrêt de bus

Attendre une autre fois que Bérénice arrive

Comme tant d’autrefois

Et tant d’autres à venir

2 min 44 s

Avoir pensé à se garer dans l’axe

Pour pouvoir filmer l’arrivée du bus

Dans le rétroviseur

2 min 52 s

Un peu trop prêt ce jour là

3 min 27 s

Combien de fois avoir filmer ce geste

3 min 30 s

Le volet qui se lève

Matin après matin

3 min 33 s

Sur le théâtre de la vie quotidienne

3 min 36 s

Mise en scène par le filmeur

3 min 39 s

Plan après plan

Jour après jour

3 min 42 s

Retrouver les gestes insignifiants du quotidien

3 min 47 s

Tout ce qui disparaît dans le flot et le flou de la mémoire

3 min 52 s

La main, le sucre, le bol

Déjà tout une histoire

Qui se raconte matin après matin

Combien de sucres déjà

Trop peut-être

Il faudra penser à réduire

Et le café versé

Se souvenir de la cafetière d’avant

La jaune, Anne avait la même

4 min 15 s

S’arrêter de verser, un centimètre avant le trait

4 min 20 s

Revenir au Point de vue, encore

Filmer inlassablement

4 min 26 s

Filmer les arbres

A tout hasard

Et soudain se laisser surprendre par un vol d’étourneaux

Qui envahit le ciel

Et ne semble jamais vouloir prendre fin

Attendre que le dernier oiseau sorte du champ

Pour arrêter le plan

4 min 45 s

Retrouver le tableau de Bérénice

(C’était dans le Journal filmé 119)

Abandonné dans le Point de vue

Là où il a été peint

À même le sol

Image en cours d’effacement

Au fil du temps

Par le vent et la pluie

Jusqu’à sa disparition totale

5 min 34 s

Vide du vide d’Anh Mat

Conversations sur le web

5 min 45 s

Les ombres et les reflets des filmeurs

Circulent dans les flux numériques

Presque invisibles

Ils parcourent le monde

Pour rejoindre ceux qui les appelle d’un simple clic

Porteurs de mots

Comme d’autres portaient le feu

De proche en proche

Dans la nuit des cavernes

Aujourd’hui, les doubles des filmeurs

Tentent toujours de saisir le mystère de la parole donnée