Journal filmé 202
Du 27 au 29 décembre 2018
Mis en ligne le 6 décembre 2020
44 plans
Main du filmeur sur le bouton de commande du volet roulant / le jardin / l’église / la rue devant la maison / dans un café avec la famille Abgrall/ le port / Noémie / ombre et reflet du filmeur / départ, retour à Grand-Lieu / sur la route / écran de l’autoradio : jeudi 27 décembre 2018, 15 h 46, 4°C / route / mains de Nathalie sur le volant / route / écran de l’autoradio : jeudi 27 décembre 2018, 16 h 33, 3°C / arrivée à Rennes / l’immeuble de la colocation de Bérénice / ascenseur, montée / vue par la fenêtre, dans la brume / ascenseur, descente / route / écran de l’autoradio : jeudi 27 décembre 2018, 19 h 07, 5°C / la façade de la boulangerie à Saint-Lumine, route / écran de l’autoradio : jeudi 27 décembre 2018, 19 h 11, 5°C / arrivée / les animaux mécaniques de le hall du supermarché / passage aux caisses / courses de la semaine / sortie grelotante / dans le labo photo avec Bérénice
1 min 53 s
Sentiment de lassitude
Aujourd’hui, je me rends compte
Que je n’arriverai jamais à combler l’écart
Qui se creuse à l’intérieur du Journal filmé
Entre le temps du tournage et celui du montage
Ce creux qui se forme au sein même de l’écriture
Ce sentiment que je n’arriverai jamais
À écrire au présent
Que chaque plan filmé m’éloigne un peu plus
De l’espoir d’atteindre une forme d’unité narrative
Qui me permettrait de rassembler ces mois
Qui se diffractent à l’infini
Le Journal filmé est une mécanique infernale
Qui m’écarte toujours un peu plus
De la réalité de l’instant du monde
Et qui me plonge dans une cruelle disjonction
Qui m’écartèle
Aujourd’hui
Une évidence s’impose
Si je veux tenter de réduire cette faille
Ce gouffre béant qui pourrait m’engloutir
Si je veux me donner une chance
De faire coïncider tous les temps
De retrouver une certaine unicité
De retrouver le sentiment que je ne suis pas un autre
Peut-être dois-je arrêter de filmer ?
Ou peut-être pas ?