Journal filmé 271
Du 23 au 24 septembre 2019
Mis en ligne le 20 mars 2022
27 plans
Musique : L’Affiche rouge, Léo Ferré / lundi 23 septembre 2019, 20 h 40, 18°C / route vers Nantes, de nuit / lundi 23 septembre 2019, 21 h 17, 18°C / attente sur le parking de l’arrêt de bus / lumière de la ville à travers les vitres / arrivée du bus / images floues du parking / Bérénice s’approche de la voiture / départ de la maison, C5 rouge / mardi 24 septembre 2019, 14 h 18, 19°C / route vers Rennes / le filmeur conduit, filmé par Bérénice / la route à travers la vitre arrière / vue sur Rennes, rue des Dames / cathédrale / terrasse du café / table de bistrot, éclaire au café, conversation avec Bérénice / immeuble où se situe le studio / mardi 24 septembre 2019, 18 h 57, 20°C / bas-côté de la route qui défile / crépuscule sur la route du retour / la route éclairée par les phares de la voiture / ciel noir / pluie / mardi 24 septembre 2019, 20 h 50, 16°C
0 min 32 s
Une nouvelle fois accepter que le Journal filmé
Soit aussi fait d’aller-retours
D’attente, de moments où
Il ne se passe rien
D’instants où il n’y a rien d’autre à faire
Que de filmer
Juste pour passer le temps
Sans autre intention que celle de saisir
Le reflet d’une lumière
Et puis par hasard
L’arrivée du bus
Par lequel Bérénice rentre de Rennes
Ce soir-là
Il y a si longtemps
Que je ne me souviens plus de rien
Tous ces moments oubliés
Mémoire perdue
Mémoire mouvante
En perpétuelle décomposition / recomposition
Comme le principe du cinéma qui pour conserver la trace d’un mouvement
Le décompose en images à la prise de vue
Pour le recomposer à la projection
S’il n’y avait pas les six minutes
Et quarante secondes à tenir
Pour chaque épisode
Ces images n’auraient pas de raison d’être
Ces plans resteraient invisibles
Traces numériques
Dans les disques durs des archives
Du Journal filmé
1 min 44 s
Une journée a passé
Rien n’a été filmé
Entre le plan précédent
Et celui-ci
Ellipse
Ici, ce qui n’est pas filmé n’existe pas
Nous retournons à Rennes avec Bérénice
Je conduis
Elle filme
Elle fait des plans que je n’ai jamais faits
Que je ne pourrais jamais faire
Nos regards se croisent
En contre-champ
Dans un dialogue qui traverse le temps
Comme si le cinéma
Par le défilement des images
Avait le pouvoir de produire
Une continuité sensible
Là où il n’y a que discontinuité, ellipse, vacuole
Comme si le cinéma
Avait la force
De garder la trace de tous les êtres
Que nous avons été
Que nous sommes
Et que nous serons