Journal filmé 298
Du 16 au 20 janvier 2020
Mis en ligne le 25 septembre 2022
40 plans
Écran de l’ordinateur, commande du tome 1 du texte du
Journal filmé / réception du livre de Michel Brosseau, Journal d’un idiot
ordinaire / publication du tome 2 / route à contrejour / parking du supermarché
/ entrée dans l’Hyper U / fin des courses / sortie / parking / main du filmeur
sur le bouton du volet roulant / ouverture du Point de vue, Grande bloute /
cairn / arbres / horloge : 08 h 52 / route vers Nantes, presque nuit / déposer
Bérénice / Fexibus / dimanche 19 janvier 2020, 18 h 38, 7°C / traversée du
bourg / dimanche 19 janvier 2020, 19 h 15, 7°C / départ tôt le matin, un lièvre
traverse dans la lumière des phares / autoroute vers Angers / Festival premiers
plans / accueil des spectateurs avec Hélène Chabiron / entrée dans la salle / bande annonce /
entrée en scène de Raymond Depardon, Claudine Nougaret et Alain Bergala /
sortie de la salle / escalier du festival / accueil / givre sur le parebrise de
la Twingo / départ d’Angers / sur la route, passer devant l’hôtel Formule 1 où
nous avions dormi avec Bérénice lorsqu’elle était venue passer le concours
d’entrée à l’école des beaux-arts d'Angers
0 min 13 s
Depuis quatre ans
Je publie chaque semaine un épisode
Du Journal filmé suivant un protocole
Fixé une fois pour toute et auquel je me tiens
Au fil du temps
L’écart entre le temps du tournage
Et celui de la diffusion s’est amplifié, dilaté
Dans le temps dédoublé du Journal filmé
Pour cet épisode, le 298
La voix off enregistrée en septembre 2022
Elle se déroule sur des images de janvier 2020
Depuis la mise en ligne de l’épisode précédant
Le 297
Un événement est venu bousculer
La routine du filmeur
Que je suis
Je ne sais pas quel hasard
L’algorithme de YouTube
A propulsé le dernier épisode
Le 297
Dans ses recommandations
Entraînant un nombre de vues
Jamais atteint, ni même envisagé
Jusqu’alors
Un peu plus de huit cents alors que j’écris ce texte
Soit vingt fois plus qu’habituellement
Contre tout attente
Ce succès (relatif et peut-être éphémère)
M’a plongé dans une étrange sidération
J’avais jusqu’ici la sensation
D’être suivi par une poignée de regardeurs
Et de de regardeuses
J’avais l’impression
(naïve, certainement) de pouvoir en faire la liste
Même si ce n’est pas tout à fait vrai
Comme si le Journal filmé évoluait
Dans une bulle surnageante
Sur les flots de vidéos charriés par YouTube
Bien planqué dans les fins fonds du réseau
À l’abri des regards
Et puis soudain
Le trouble de ne pas savoir qui regarde ?
Et puis soudain
Ressurgissent les questions :
De ce que je peux montrer ou pas
Des miens que j’expose
(Sujet que j’abordais déjà dans l’épisode 30)
2 min 32 s
Comment fixer les limites entre la sphère privée
Et l’espace public
Comment trouver rapidement les mots
Pour exprimer les sentiments qui me traversent
Alors que je dois écrire ce texte
Dead line de la mise en ligne
Demain
Hier, la courbe du nombre de vue
De l’épisode 297
A fini par se stabiliser
Les doutes refluent
Il est temps de terminer le texte de la voix off
L’enregistrer, finaliser l’épisode
Le mettre en ligne
Pour être au rendez-vous
Dimanche à 17 h 30
Je sais qui attendra
Et je sais aussi
Que le Journal filmé
Une fois diffusé
Ne m’appartient plus
Qu’il s’offre aux amis
Comme aux inconnus de passage
Dans une forme de dialogue
Terminer par cette phrase extraite
D’un message de François Bon
« Je ne sais pas si une des forces de tout travail artistique c'est la capacité, toujours à retravailler en soi, de marcher droit sans se retourner ni regarder le vide en dessous. »