Journal filmé 318

  

Du 6 au 7 avril 2020

Mis en ligne le 12 février 2023

19 plans

 

Conversation par Skype avec les parents / ouverture du volet / lundi 6 avril 2020, 16 h 39 (17 h 30), 17°C / chemin fers la ferme du bas-fief / compresseur de la machine à traire / retour / arrivée à la maison / lundi 6 avril 2020, 16 h 54 (17 h 45), 17°C / ouverture du volet / conversation par Skype avec Gilles Bruni, jeu avec la machine

 

1 min 10 s

Il est 17 h 30

L’horloge de la voiture n’est pas du tout à l’heure

(Voix enregistrée à la prise de vue)

 

2 min 23 s

Nos vies sur les écrans

 

2 min 23 s

Retranscription de la conversation avec Gilles Bruni sur Skype :

« - Bonjour Arnaud

- Tu te colles à la machine quoi. Enfin tu ne te colles pas tu t'adaptes à la machine et tu deviens… tu prends son attitude ou je sais pas quoi.

- Je pense, tu te rappelle quand tu as utilisé à  un moment donné Google, est-ce que c'était Google translate quelque chose comme ça ? Et que tu as fait énoncer à la machine le texte de l'ogre, de la bouche de l'ordre. En fait tu as joué avec ça puisque le texte du coup devenait une espèce de diction bizarre et systématique de tous les mots qui s’enfilaient. Ça avait créer un rythme très particulier et ça, ça nous avait fait marrer.

C'est très difficile pour moi mais en tout cas comme je te disais mais le flou, tu sais pas, tu n’es peut-être pas assez fane du flou de l'écran finalement que tu nettoies on dirait que c'est peut-être le flou de l'œil qui te regarde, qui t'observe ou alors peut-être le filtre, mais juste derrière il faudrait pouvoir aller le voir mais mon œil ou je m'approche et moi je vois.

… Il était en train de lire ou de dire quelque chose et du texte apparaissait aussi sur le côté à mesure qu'il parlait. Il y a ce jeu troublant entre ce qui se dit et ce qui s'écrit, les jeux des fois de décalage puisque des fois le texte ne correspondait pas à ce qui se disait volontairement.

- Ah mais là ça marche bien tu vois quand tu as trouvé le bon rythme de de la parole.

-  Le bon rythme, il fonctionne parce qu’il y a une espèce de coordination peut-être à un moment donné entre le cerveau, le cerveau qui pense, le cerveau qui dit et ce qui ce qui peut être à ce moment-là. Il faut que j'ai comme une espèce de de petite lumière qui fasse que ce qui est en train de se dérouler dans ce que je dis soit, je trouve pour moi, comme une forme d'auto-dérision. Je trouve ça assez drôle et du coup ça produit son texte mais si à un moment donné je me perds dans ce que je raconte et je reviens à la réalité il n'y a plus d'intérêt du tout je me mets à bafouiller les choses sont hachées et puis rien n'apparaît à l'écran c'est n'importe quoi.

- Ouais mais là ça fonctionne, là c'est bien là.

- Bah justement parce que je suis revenu dans mon rôle. Quand j'adopte le rôle, j'ai l'impression que je suis dans un moment qui est presque réflexif. C'est à dire que je m'observe quasiment dire, faire, bouger… Comme si j'attendais finalement au moment où je suis en train de parler d'énoncer les choses que les choses apparaissent sur ton écran c'est assez curieux de penser comme ça les choses que tu es en train de dire.

- Ah ouais c'est pas mal là.

- Oui, c’est ce que j'ai réussi à rentrer dans mon rôle, les choses se sont déroulées un peu, toutes seules, ça semble, s’enfile, comme tu enfiles des perles ; mais si à un moment donné je perds le contact avec ce moment réflexif où je sais que je suis en train de parler et que les choses sont en train de s'afficher sur ton écran, alors à ce moment-là je perds tout. »